Billets d'humeur

Note de lecture du livre d’Emmanuel Macron: Révolution

Quand on voit l’ampleur médiatique que prend E. MACRON, il  nous faut lire ce qu’il nous dit dans son livre pour évaluer et choisir librement.

Très rapidement, page 9, la couleur est annoncée: « On n’y trouvera pas de programme… ». Vous allez nous parler plutôt d’un « récit » et d’une « volonté ». Votre argument est clair et simple, vous ne voulez  pas faire un catalogue de promesses qui ne seront pas tenues. C’est une bonne stratégie si l’on observe l’évolution de votre popularité. C’est aussi probablement que vous  n’avait pas terminé de réfléchir. D’ailleurs nous avons appris il y a peu de temps que votre programme sera enfin dévoilé courant mars. Une douzaine d’axes. En attendant, votre livre nous donne votre vision sur un certain nombre de points que nous allons analyser et critiquer.

Parmi vos idées vous nous parlez de « renouer avec le rêve productif », que c’est un « impératif social ». Mais aujourd’hui nous produisons 30 000 euros par habitant chaque année. Le problème est-il vraiment la production? Le problème n’est-il pas plutôt le mode de production et les produits que l’on consomme? Nous avons le deuxième PIB d’Europe, et pourtant nous comptabilisons 10 % de chômeurs. Le problème n’est-il pas la répartition de la plus-value entre la capital et le travail? L’impératif social est de donner d’avantage au travail et moins aux actionnaires. Les actionnaires du CAC40 sont de nouveau rémunérés à un niveau d’avant crise économique. M. Macron vous  nous dites qu’il faut produire d’abord et repartir ensuite. Il me semble que le problème est à prendre dans l’autre sens. Car l’idée selon laquelle nous devons laisser souffler les entreprises pour qu’elles soient plus compétitives et qu’elles embauchent n’a pas fonctionné. Il faut repartir d’abord puis produire mieux, et respectueux de l’environnement. La production dépend du collectif constitué des travailleurs, il faut donc réduire les écarts de rémunérations existants entre les plus hauts salaires et les plus bas. L’entrepreneur, le chef d’entreprise est un preneur de risques nous dit-on, son entreprise fait vivre X salariés. Cela ne justifie pas tout, et je dirais même que ce sont les salariés qui font vivre l’entreprise. Les travailleurs risquent également leur santé. Combien meurent chaque année au travail? Il nous faut trouver une juste mesure. M. Macron vous êtes le candidat du travail nous dites-vous? Mais nous voudrions êtres les candidats au travail. Vous n’offrirez pas d’emplois si vous ne vous attaquez pas à la répartition des richesses produites chaque année et à la finance qui assèche l’économie réelle.

Vous dénoncez un manque de soutien pour la construction de logements. Je n’épiloguerai pas à ce sujet mais là encore il faut être honnête. Combien de logements vides en France? Plus de 2 millions. Deux fois plus que de SDF. C’est une honte. Et la honte c’est que cela maintient un marché de l’immobilier artificiellement élevé. Nous en souffrons tous. Se loger est un droit fondamental,  et on spécule dessus. Vous dites que ce sont les APL qui entraînent l’inflation des prix. C’est parce que les prix sont artificiellement tenus hauts qu’il y a la mise en place des APL.

Réduire les dépenses publiques? Le déficit est le « symptôme d’un dysfonctionnement de nos administrations »? La population augmente en nombre. Comment espérer réduire les dépenses publiques? Nous allons avoir des besoins grandissants en matière de santé, d’éducation, d’énergie. Le dysfonctionnement provient d’un manque de moyens. Rappelez vous que évasion+fraude fiscale=160 milliards par an. Budget éducation nationale=68 milliards d’euros. Attaquons nous aux vraies problématiques avant d’être « implacable avec les fraudeurs » parlant de ceux qui bénéficient indûment du RSA. Cette fraude est au maximum de 100 000 millions d’Euros par an. La fraude fiscale c’est 60 milliards, soit 600 fois plus! Où est la priorité?

Vous soutenez le CICE du pacte de compétitivité. Il aurait stoppé l’hémorragie de l’emploi. On en a déjà parlé, ce cadeau qu’est le crédit d’impôt n’a pas ruisselé jusqu’en bas de la pyramide. Le chômage est stable. La courbe ne s’inverse pas comme annoncé. Le CICE c’est un cadeau qui s’ajoute à la dette publique alors que nous n’avons n’en avons pas profité. Et que dire des chômeurs non comptabilisés? Les indépendants sans travail et sans chômage. Ils sont nombreux, et n’apparaissent pas dans ces chiffres. Je suis d’accord avec vous sur l’urgence de supprimer le RSI. Quel régime insupportable, source de situations précaires.

Que dire de votre position sur la production énergétique? Vous êtes en quelque sorte de l’avis de tout le monde finalement: vous êtes pour un « mix énergétique » afin de ne pas dépendre d’une seule technologie. Mais pourquoi aurions nous peur de dépendre d’une technologie? Parce qu’elle est dangereuse et qu’on ne sait pas quoi faire de ses déchets radio-actifs. Il faut prendre position à ce sujet. Sinon nous tournerons en rond. Soit nous décidons que le nucléaire est l’avenir et alors nous continuons, soit c’est dangereux et nous faisons tout pour aller progressivement vers une transition. On ne peut pas continuer à jouer avec ce sujet. Il faudra plusieurs dizaines d’années si l’on veut stopper le nucléaire. Et les investissements vers des énergies renouvelables devront êtres importants. Alors prenez position!

Vous ne pensez pas que les français veuillent d’une réécriture de la constitution pour élaborer une VIe république. Et pourtant, nous avons vécu un passage en force d’une loi dont personne ne voulait. Et cela grâce à l’article 49.3 du titre V, malgré la motion de censure de gauche et malgré les manifestations (Nuits Debout, depuis le 9 mars 2016). Vous étiez favorable à cette loi. 65% des Français ne l’étaient pas. Je crois que les Français veulent être un peu mieux représentés. Nous devons réécrire certaines règles. Nous vivons depuis peu la tourmente du parti LR autour de l’affaire « Penelope Gate ». Cela ne peut plus durer. L’exemple doit venir d’en haut vous en conviendrez. Alors mettons les choses à plat.

J’ai écouté votre discours aujourd’hui, lors de votre meeting à Lyon. On ne peut qu’être d’accord sur les grands principes que vous énoncez sans arrêt: égalité, liberté et fraternité. Mais sur le fond que nous donnez nous à juger, à évaluer? Peu de choses. Je suis dubitatif. Une chose m’a marqué cependant, et je vous rejoins à ce sujet: vous dites que vous êtes le candidat de la classe moyenne. Et si j’étais logique je voterais pour vous. Oui, je suis comme les 12000 partisans qui sont venus vous voir aujourd’hui. Jeune, bien habillé, issus de la classe moyenne, je travaille et gagne bien plus que le salaire minimum, ma problématique est d’acquérir mon logement, je suis la cible des lois de défiscalisation. Mais je ne voterai par pour moi, je suis désolé. Je voterai pour ceux dont vous ne parler que trop peu. Les 9 millions de concitoyens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.

J’attends votre programme avec impatience. Nous n’aurons qu’un mois pour l’évaluer, vous n’aurez qu’un mois pour convaincre. C’est risqué. Vous désirez rassembler, réunir. C’est un beau projet. Les moyens sont discutables. Je vous rejoins sur le besoin de renouvellement des visages, mais j’ajoute celui des méthodes, de la règle du jeu. Passons à une nouvelle république, qu’en dites vous?

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